NFS : Network File System - le partage réseau sous Linux

NFS est l'abréviation de Network File System, c'est-à-dire système de fichiers réseau.

Ce système de fichiers en réseau permet de partager des données principalement entre systèmes de type UNIX mais des versions existent également pour Microsoft Windows™ et Mac.
NFS est compatible avec IPv6 sur la plupart des systèmes.

Avant de vous lancer dans la lecture de cette documentation, il existe une application permettant de créer facilement un partage de fichiers avec NFS. Son usage évite d'utiliser le terminal et favorise la configuration du réseau partagé NFS.

https://github.com/Philippe734/Simple.NFS.GUI

Deux ordinateurs au moins

  • Un serveur sous GNU/Linux (ici Ubuntu) où se trouvent les fichiers à partager.
  • Un client qui doit pouvoir accéder aux fichiers du Serveur.

Ne pas avoir peur de la ligne de commande

Avoir les droits d'administration sur les deux machines

C'est-à-dire de pouvoir installer des paquets et utiliser la commande sudo

Voir ici de quoi il est question et en particulier la commande « sudo ».

Être sur un réseau de confiance

NFS surtout avant la version 4 (incompatible avec les précédentes) ne doit être déployé que sur des réseaux sûrs.
Quelle que soit la version, NFS est a déployer dans un réseau local et n'a pas de vocation à être ouvert sur internet.
On peut utiliser par exemple NFS sur son réseau local derrière une Box assurant le rôle de routeur NAT.

Connaître les adresses IP locales de Serveur et de Client

Dans le terminal lancer « ifconfig », l'adresse est à la ligne « inet adr: », paragraphe « eth » si vous êtes connecté en ethernet, « wlan » pour une connexion Wi-Fi.

Vous pouvez aussi connaître l'IP de vos PC via l'applet network-manager.

Pour la suite de cet exemple, on considérera que Serveur et Client ont une adresse locale fixe :

  • Serveur : 192.168.0.10
  • Client : 192.168.0.20
Il peut être important de fixer les adresses IP de vos ordinateurs pour être sûr qu'elles ne changeront pas :
  • Soit à partir de l'interface du routeur / de la *box. Ouvrez Firefox, et tapez dans la barre d'adresse celle donnée dans le mode d'emploi du routeur / de la *box (le login et le mot de passe y sont aussi). Plus d'infos.
  • Soit directement à partir d'Ubuntu via Network-Manager ou par la configuration fixe

Se faire un aide-mémoire

Les machines IP locales Points de montage des fichiers
Votre serveur IP de votre serveur Exemple : /home/Votre_Nom_d'Utilisateur_sur_Votre_Serveur
Serveur 192.168.0.10 /Fichiers_à_partager_sur_Serveur
Votre client IP de votre client Exemple : /home/Nom_d'Utilisateur_sur_le_Client/Partage
Client 192.168.0.20 /Point_de_montage_sur_Client
Vous n'êtes pas obligé de connaître les IP de tous vos clients si vous en avez beaucoup ou si leurs IP sont amenées à changer
En effet avec cette méthode, les ordinateurs de tout votre réseau local pourront sans distinction utiliser NFS.
D'autres méthodes décrites dans les Exemples concrets vous demanderont de les connaître.

Installation

Installez sur le ou les serveurs NFS le paquet nfs-kernel-server

Configuration

déclaration de l'Export NFS

La configuration d'un 'export' NFS se fait en éditant le fichier /etc/exports

/etc/exports
# Un exemple à adapter:
/Dossier/à/partager/ 192.168.0.0/24(rw,all_squash,anonuid=1000,anongid=1000,sync,no_subtree_check)
/Dossier/numero02/  master(rw) trusty(rw,no_root_squash)

Dans ce fichier, chaque ligne est définie comme ceci :

 <dossier partagé> <hôte>(<options>) <hôte2>(<options>)...

Les informations se trouvant sur une ligne sont les suivantes1) :

  • <dossier partagé> : chemin menant au dossier partagé.
  • <hôte> : indique quel est l'hôte qui peut accéder à ce partage, l'hôte peut être défini de plusieurs manières :
    • une IP : on indique simplement l'adresse IP de la machine pouvant accéder à ce partage.
    • un nom d'hôte : on indique le nom complet de l'hôte (pour peu qu'il soit connu du système au travers d'un DNS ou du fichier hosts).
    • un nom de groupe réseau NIS (NIS netgroup) qui s'indique sous la forme @<netgroup>.
    • un domaine avec un joker qui indique les machines d'un domaine ou sous-domaine; par exemple : *.ubuntu-fr.org.
    • un intervalle d'IP avec le masque de sous-réseau; par exemple : 192.168.0.0/24 ou 192.168.0.*
  • <options> : indique les options de partage; nous n'allons pas parcourir toutes les options ensemble mais uniquement les plus importantes.
    • rw : permet la lecture et l'écriture sur un partage pour l'hôte défini (par défaut, les partages sont en mode ro; c'est-à-dire en lecture seule).
    • async : permet au serveur NFS de violer le protocole NFS et de répondre aux requêtes avant que les changements effectués par la requête aient été appliqués sur l'unité de stockage. Cette option améliore les performances mais a un coût au niveau de l'intégrité des données (données corrompues ou perdues) en cas de redémarrage non-propre (par exemple en cas de crash système).
    • sync : est le contraire de async. Le serveur NFS respecte le protocole NFS.
    • root_squash : force le mapping de l'utilisateur root vers l'utilisateur anonyme (option par défaut).
    • no_root_squash : n'effectue pas de mapping pour l'utilisateur root.
    • all_squash : force le mapping de tous les utilisateurs vers l'utilisateur anonyme.
    • anonuid : indique au serveur NFS l'UID de l'utilisateur anonyme (considéré comme tel dans les précédentes options de mapping).
    • anongid : indique au serveur NFS le GID de l'utilisateur anonyme (considéré comme tel dans les précédentes options de mapping).
    • subtree_check : Si un sous-répertoire dans un système de fichiers est partagé, mais que le système de fichiers ne l'est pas, alors chaque fois qu'une requête NFS arrive, le serveur doit non seulement vérifier que le fichier accédé est dans le système de fichiers approprié (ce qui est facile), mais aussi qu'il est dans l'arborescence partagée (ce qui est plus compliqué). Cette vérification s'appelle subtree_check.
    • no_subtree_check : Cette option neutralise la vérification de sous-répertoires, ce qui a des subtiles implications au niveau de la sécurité, mais peut améliorer la fiabilité dans certains cas.

Ce qui pourrait donner par exemple:

/media/NFS 192.168.0.0/24(rw,all_squash,anonuid=1000,anongid=1000,sync,no_subtree_check)
Si vous obtenez l'erreur suivante au montage : mount.nfs4: access denied by server while mounting, vérifiez les droits d'accès au dossier partagé (le dossier est peut être en mode interdit pour "autres" ce qui le rend impossible à lire pour le serveur NFS)

relancer le service

Après avoir défini vos partages dans le fichier /etc/exports il suffit de relancer le service nfs:

sudo service nfs-kernel-server reload

Cette commande ne coupe pas les transferts en cours si la nouvelle configuration permet toujours leur accès au serveur. Vous pouvez donc la lancer plus ou moins à n'importe quel moment.

Pour vérifier que l'export a bien eu lieu, taper sur le serveur NFS la commande :

showmount -e

Si l'export n'est pas effectif , il faut faire restart du service NFS mais attention cela peut interrompre les transferts en cours :

sudo service nfs-kernel-server restart

Un peu de sécurité avec TCPwrapper

Pas indispensable si vous avez un bon firewall entre internet et votre réseau local, NFS peut être protégé par le serveur le cas échéant. (testez tout d'abord votre configuration sans protection pour voir si tout fonctionne si vous comptez utiliser ce genre de protection dans le futur)

Si vous utilisez denyhosts sur le serveur, il vous faudra ajouter les lignes suivantes dans le fichier /etc/hosts.allow :

/etc/hosts.allow
portmap: <ip de la machine cliente>
lockd: <ip de la machine cliente>
nfsd: <ip de la machine cliente>
mountd: <ip de la machine cliente>
rquotad: <ip de la machine cliente>
statd: <ip de la machine cliente>

et également afin de sécuriser un peu plus votre installation, ajouter dans le fichier /etc/hosts.deny :

/etc/hosts.deny
# Tout interdire sur  portmap, nfsd et mountd
portmap:ALL
nfsd:ALL
mountd:ALL

Exemples concrets

  • Exemple de partage avec NFS : Exemple de réseau entre 3 ordinateurs qui permet l'échange et le partage de fichiers avec le minimum de contraintes via nfs-kernel-server.
  • Un simple partage NFS : Tutoriel expliquant pas à pas comment accéder à distance aux documents enregistrés sur un ordinateur à partir d'un autre. Nécessite de saisir quelques lignes de commandes, mais permet de comprendre tout en faisant.
  • D'autres méthodes, parfois obsolètes, sont également disponible sur l'ancienne version de la page NFS.

Pour accéder à un NFS, il faut le "monter". En gros il s'agit de dire au service qui s'occupe des disques durs que ce serveur NFS est comme un disque dur et qu'il serait bête de ne pas s'en servir !

Il n'existe pas d'autoconfiguration pour NFS, il faudra donc le faire manuellement.

Ubuntu GNU/Linux

Le paquet nécessaire pour accéder à un NFS est nfs-common

Après avoir installé ce paquet, il existe deux solutions pour monter son NFS sur un ordinateur.
La première est plus adaptée à un Serveur allumé en permanence (ou presque), la seconde via autoFS est peut être plus tolérante à l'arrêt inopiné du serveur.

Pour parcourir les partages NFS d'un serveur (ici : serveur.local, que vous pouvez remplacer par l'IP) saisissez dans un terminal la commande suivante:

showmount -e serveur.local
Export list for serveur.local:
/mnt/nas/media *.local,192.168.0.0/255.255.0.0

Modifier /etc/fstab

Il faut tout d'abord créer un dossier dans lequel le NFS viendra se loger. Ouvrez donc un terminal sur vos clients puis tapez:

sudo mkdir /media/NFS

Vous pouvez bien entendu créer un répertoire du nom de votre choix; dans ce cas adaptez les instructions suivantes au besoin.

Pour ce faire, il suffit de modifier le fichier /etc/fstab pour y ajouter la ligne:

192.168.0.10:/<Dossier_à_partager>/ /media/NFS nfs defaults,user,auto,noatime,bg 0 0
  • 192.168.0.10 étant l'IP de votre serveur
  • <Dossier_à_partager> étant le dossier sur votre serveur que vous voulez recevoir (doit correspondre à celui que le serveur veut envoyer)
  • /media/NFS On précise le point de montage (dossier que vous avez créé juste avant dans lequel vous souhaitez monter le partage NFS)
  • nfs On précise le protocole utilisé.
  • defaults,user,auto,noatime,bg sont des options de montage, vous pouvez ajouter ,ro à la fin pour ne pas autoriser l'écriture.
  • 0 0 dit à Linux de ne pas vérifier si le disque contient des erreurs (le serveur s'en occupera)
Optimisation possible:
  • Si vous utilisez un réseau Gigabit ethernet (les dernier switchs, routeurs, box), vous pouvez ajouter en option de montage: ,rsize=16384,wsize=16384

Ces options de montage permettront de booster légèrement à énormément (suivant la carte réseau) la vitesse de transfert sur les gros fichiers.

  • Si votre serveur est très peu puissant (un Pentium 2 ou 3 par exemple plus de 12 ans d'âge, bon millésime) vous pouvez augmenter les performances en ajoutant en "options de montage" (voir plus haut) ,vers=3,udp ceci aura pour effet d'utiliser la version 3 de NFS ainsi que le protocole UDP.

Vous devriez maintenant utiliser moins de processeur mais ceci peut ne pas marcher très bien si votre liaison réseau est de mauvaise qualité (ne surtout pas utiliser ces options sur les clients en Wifi !)

Utiliser Autofs

  • Autofs : Logiciel pour monter facilement votre partage NFS.

Windows

Sachez qu'un firewall ne vous servira à rien si vous êtes (comme ce tutoriel l'exige très important) derrière un routeur.
Si vous faites un partage de connexion via Network-Manager un routage sera en place automatiquement, les ordinateurs dans le partage n'ont donc rien à craindre.
Si vous utilisez un pare-feu entre le modem et le PC qui partage la connexion internet, n'ouvrez surtout pas le port NFS vers le modem ! Il faut l'ouvrir dans le sens inverse, c'est-à-dire vers le partage de connexion ! Ne vous trompez pas !
Le seul intérêt d'un pare-feu dans ce cas précis est seulement si vous avez un nombre très important de postes informatiques chez vous et que ces postes risquent d'être utilisés par des personnes malveillantes.

Si vous utilisez tout de même un pare-feu sur vos serveurs et/ou clients NFS, il vous faudra le configurer pour ne pas filtrer NFS et donc pouvoir y accéder :

Rétrograder en NFSv3

Si vous obtenez un message comme:"mount.nfs: access denied by server while mounting"ipserveur"", c'est certainement que vous avez entré les bonnes adresses ip autorisés dans export, cependant, NFSv4 n'utilise pas le système d'authentification par ip, il est donc utile de rétrograder en version 3 pour que le serveur se base sur l'ip

Côté serveur

Modifier le fichier /etc/default/nfs-kernel-server et éditer la ligne

RPCNFSDCOUNT='8' 

par

RPCNFSDCOUNT='8 --no-nfs-version 4'

Côté client

Ajoutez ,vers=3 aux options de montage dans le fichier fichier /etc/fstab comme ceci :

  192.168.0.10:/<Dossier_à_partager>/ /media/NFS nfs defaults,user,auto,noatime,bg,vers=3 0 0

Utilisez nfsstat pour vérifier que la modification à été prise en compte.

Résoudre le problème de verrouillage de fichiers avec LibreOffice

Commentez les lignes suivantes dans les fichiers /usr/bin/libreoffice et /usr/bin/soffice (ajouter un # devant les deux lignes)

SAL_ENABLE_FILE_LOCKING=1
export SAL_ENABLE_FILE_LOCKING

Résoudre le problème de temps de montage sur les clients

Les clients Ubuntu 13 et 14 présentent un bug connu : un temps de latence très long pour le montage https://bugs.launchpad.net/ubuntu/+source/nfs-utils/+bug/1270445

Pour le résoudre, sur le client Modifier le fichier /etc/default/nfs-common et éditer la ligne

# Do you want to start the gssd daemon? It is required for Kerberos mounts.
NEED_GSSD=

par

# Do you want to start the gssd daemon? It is required for Kerberos mounts.
NEED_GSSD=yes

puis blacklister le module 'rpcsec_gss_krb5' en éditant le fichier /etc/modprobe.d/blacklist.conf en y ajoutant à la fin la ligne :

#To improve NFS mounting time
blacklist 'rpcsec_gss_krb5'

  • nfs.txt
  • Dernière modification: Le 13/10/2019, 06:23
  • (modification externe)