Configuration avancée de l'utilitaire sudo

L'utilitaire « sudo », par le jeu de paramètres dont il dispose, peut autoriser ou refuser à un utilisateur ou à un groupe d'utilisateur l'exécution de tâches privilégiées avec ou sans saisie d'un mot de passe. Cette gestion des droits accordés aux utilisateurs est consignée dans le fichier /etc/sudoers. Le présent document n'est cependant pas le manuel d'utilisation de ce fichier. Son objectif est d'indiquer comment le modifier dans le contexte des distributions Ubuntu, et de donner quelques exemples de configuration adaptés à un environnement domestique ou à une PME/PMI.

D'autres paramètres, destinés aux administrateurs de systèmes, concernent également la durée de validité de l'authentification des utilisateurs, la localisation du journal des événements et le niveau de courtoisie de sudo.

ATTENTION !

Confer le fichier /etc/sudoers.d/README.

La gestion de sudo est améliorée dans les dernières versions (Debian version 1.7.2).

Pour modifier le fonctionnement de la commande sudo, l'administrateur du système ne modifie plus le fichier /etc/sudoers mais positionne des fichiers de personnalisation dans le répertoire /etc/sudoers.d.

Premier avantage, vous pouvez définir autant de fichiers que de modifications (voir le §2). Le nom est libre et peut donc faire référence à l'élément personnalisé. Exemples : 10-sysctl 20-userX 30-apt.

Le deuxième avantage est que la création d'un de ces fichiers ne nécessite aucun droit d'administration. L'intervention de l'administrateur se limite à la copie du(des) fichier(s) sous /etc/sudoers.d et application du mask 0440.

Le troisième avantage. Vous disposez d'un aperçu des modifications en listant simplement le contenu du répertoire /etc/sudoers.d.

Le quatrième avantage est que l'administrateur peut annuler à tout moment une autorisation particulière de la commande sudo en supprimant le fichier de personnalisation correspondant.

Le dernier avantage est qu'en supprimant tous les fichiers de personnalisation, vous êtes certain de revenir à la configuration par défaut de sudo.

L'ancienne méthode reste utilisable.

La configuration de sudo est enregistrée dans le fichier de configuration /etc/sudoers.

La modification de ce fichier s'effectue à travers un utilitaire de vérification appelé visudo.

 sudo visudo 

Il effectue une vérification de l'intégrité du fichier après modification avant de l'enregistrer. En cas d'erreur lors de la modification, le nouveau fichier n'est pas enregistré, ce qui vous évite de vous retrouver dans l'impossibilité de corriger votre erreur. Enfin, il s'assure que ce fichier conserve ses droits Unix originaux, ce qui garantit le bon fonctionnement de sudo.
À la fermeture du fichier /etc/sudoers ouvert par son outil d'édition visudo, la nouvelle configuration est automatiquement chargée.

Choisir l'éditeur utilisé par visudo

A chaque fois

Pour forcer l'utilisation d'un éditeur lors de l'ouverture du fichier /etc/sudoers par visudo , exécutez dans une fenêtre de terminal l'une des commandes suivantes :

  • Dans Ubuntu : sudo VISUAL=/usr/bin/gedit visudo
  • Dans Kubuntu : sudo VISUAL=/usr/bin/kate visudo
  • Dans Xubuntu : sudo VISUAL=/usr/bin/mousepad visudo
  • Dans Lubuntu : sudo VISUAL=/usr/bin/leafpad visudo
  • En mode console : sudo EDITOR=/usr/bin/nano visudo ou sudo EDITOR=/usr/bin/vim visudo

configurer l'éditeur par défaut

pour changer l'éditeur en ligne de commande, par défaut, il suffit de lancer :

sudo update-alternatives --config editor

et de sélectionner l'éditeur de votre choix, dans la liste des éditeurs de texte déjà installés.


À la fin du fichier, ajoutez une ligne d'instruction…

En cas de litige entre ligne, ce sera la dernière dans le fichier sudoers qui sera comptée ! Si par exemple , jérome fait partie du groupe paris et que vous mettez que jérome peut executer la commande ls, puis que plus loin vous mettez que le groupe paris ne peut pas executer la commande ls, jérome ne pourra pas executer la commande ls (du moins pas avec sudo) car la dernière ligne qui le concerne refuse l'execution de ls ! D'où l'importance de bien situer la ligne que vous souhaitez inclure, notamment par rapport aux lignes déjà pré-définies pour les groupes admin et sudo !

…telle que la suivante :

identifiant	ALL = (user) /chemin/complet/commande,/chemin/complet/autrecommande
%groupe	ALL = (user) /chemin/complet/commande,!/chemin/complet/autrecommande
  • identifiant représente un identifiant utilisateur du système Ubuntu. Un seul identifiant doit être précisé par ligne ;
  • %groupe désigne un groupe d'utilisateurs du système Ubuntu. Le nom du groupe doit donc être précédé d'un symbole de pourcentage (%). Un seul groupe doit être précisé par ligne ;
  • ALL désigne la ou les machines dans lesquelles les commandes suivantes sont autorisées ou refusées pour cet utilisateur ou ce groupe d'utilisateurs. Le mot-clé ALL désigne l'ensemble des machines de votre parc informatique. Dans le cadre d'une utilisation à domicile, laisser ALL n'est pas un inconvénient. Dans un grand parc d'entreprise, de meilleures stratégies sont à prévoir ;
  • user (entre parenthèses) désigne l'utilisateur dont on prend les droits (peut valoir ALL pour tous)
  • commande et autrecommande représentent des commandes pouvant être exécutées par l'utilisateur ou le groupe d'utilisateurs désigné en début de ligne.
    • Les commandes précédées d'un point d'exclamation (!) sont refusées, alors que celles sans point d'exclamation sont autorisées ;
    • Les commandes multiples sont séparées par une virgule, sans espace ;
    • Les commandes doivent être entrées de manière exacte. Pour cette raison, préférez saisir des chemins absolus vers des commandes plutôt que des chemins relatifs (par exemple, /usr/sbin/update-manager plutôt que update-manager). Pour connaître le chemin absolu d'une commande ou d'un utilitaire, saisissez dans un terminal which commande 1), ou whereis commande 2) en remplaçant commande par la commande en question.

Exécuter des tâches d'administration sans mot de passe

À la fin du fichier, ajoutez une ligne d'instruction telle que la suivante :

identifiant	ALL = (ALL) /chemin/complet/commande, NOPASSWD: /chemin/complet/autrecommande
%groupe	ALL = (ALL) NOPASSWD: /chemin/complet/commande,/chemin/complet/autrecommande

Toutes les commandes situées à la droite du mot-clé NOPASSWD: peuvent être exécutées par l'utilisateur ou le groupe d'utilisateurs précisé en début d'instruction. Celles restées à sa gauche sont toujours soumises à l'authentification par mot de passe.

Dans cet exemple, identifiant doit fournir son mot de passe pour exécuter commande, mais n'a pas à le saisir pour exécuter autrecommande. Quand aux membres du groupe groupe, ils n'ont pas à saisir leur mot de passe pour exécuter commande ou autrecommande.

Attention : il ne faut pas mettre juste la commande, mais tout le chemin vers le fichier. Par exemple il ne faut pas mettre "ls" mais "/bin/ls".

Attention aux brèches de sécurité !
Faites extrêmement attention lorsque vous autorisez un utilisateur ou un groupe à exécuter une commande sans mot de passe. Ceci pourrait causer des brèches de sécurité si les commandes autorisées sont potentiellement dangereuses.
Pensez à utiliser newgrp pour basculer votre groupe actif avant de faire appel à la commande autorisée par le sudo.
Voici un petit exemple, changer un code clavier.
Après avoir créé le groupe codeclavier, pensez à utiliser un numéro spécial pour éviter les conflits avec les groupes utilisateurs, vous ajoutez cette ligne dans le fichier /etc/sudoers.
 %codeclavier    ALL = (ALL) NOPASSWD: /bin/changecode

et maintenant le petit script évidemment mis dans /bin/code.clavier.sh

sudo /bin/changecode

et enfin /bin/changecode

 #!/bin/sh
 setkeycodes 0x2b 86

Et miracle, il marche. Si vous ajoutez un lien dans /etc/profile.d/, il sera exécuté à votre connexion en toute transparence!!!

Exécuter un programme en tant qu'un autre 'user'

La commande sudo permet d'exécuter un programme en tant qu'un autre utilisateur. Par exemple, la ligne :

foo      ALL=(bar) NOPASSWD: /chemin/complet/program

permet à foo d'utiliser program en tant que bar sans qu'on ne lui demande son mot de passe.

Note : Après il faut quand même utiliser sudo pour le lancement de program. Comme ceci :

sudo program

Augmenter ou réduire le temps de grâce avant que la saisie du mot de passe soit de nouveau demandée

Ajoutez l'option timestamp_timeout=X à la fin de la ligne débutant par Defaults. La valeur X doit être remplacée par la durée, en minutes, durant laquelle le mot de passe n'a pas à être fourni pour effectuer des actions d'administration dans le terminal ou pseudo-terminal courant. La valeur 0 désactive ce temps de grâce : un mot de passe doit être fourni à chaque action d'administration.

Defaults	env_reset

devient

Defaults	env_reset,timestamp_timeout=X

Si cette option n'est pas précisée, le temps de grâce par défaut est 15 minutes.

Afficher des astérisques lors de la saisie du mot de passe

Ajoutez l'option pwfeedback à la fin de la ligne débutant par Defaults.

Defaults	env_reset

devient

Defaults	env_reset,pwfeedback

Changer le message d'erreur de mauvais mot de passe

Ajoutez l'option badpass_message="texte à afficher" à la fin de la ligne débutant par "Defaults".

Defaults	env_reset

devient

Defaults	env_reset,badpass_message="texte à afficher"

Des insultes en cas d'erreur de mot de passe

Ajoutez l'option insults à la fin de la ligne débutant par Defaults.

Defaults	env_reset

devient

Defaults	env_reset,insults

Si, en tentant d’exécuter une commande sudo, vous obtenez une erreur comme ci-dessous, c'est que votre fichier sudoers est corrompu. Comme il est corrompu, vous ne pouvez plus exécuter sudo, et donc plus modifier le fichier … cercle vicieux

toto@fixe:~$ sudo
>>> sudoers file: syntax error, line 0 <<<

Une solution à tenter est de lancer la commande :

pkexec visudo
Ou bien d'utiliser la solution suivante3).

Redémarrer en mode recovery

sudo1.jpg

Choisir l'option "root"

sudo2.jpg

Remonter les disques en écriture

mount -o remount,rw /

Editer / corriger le fichier 'sudoers'

Faire les opérations souhaitées comme éditer le fichier à la main :

    cp /etc/sudoers /etc/sudoers.backup
    nano /etc/sudoers
    

Voir ici pour d'autres possibilités.

Consultez la page de manuel officiel du fichier /etc/sudoers :

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  • sudoers.txt
  • Dernière modification: Le 08/01/2020, 15:09
  • (modification externe)